Q1. Quel est, selon vous, l’axe central des politiques en matière de soins liés à la longévité que met en place votre gouvernement ?
Le Département des Hautes-Pyrénées a souhaité intégrer la solidarité à toutes ses interventions en faisant de l’investissement social un levier de développement du territoire. Le Département a ainsi adopté en juin 2017 le schéma de développement social au travers de la démarche Solid’Action65 qui s’est construite dans l’interaction avec les acteurs locaux, et s’est fixée des objectifs stratégiques aptes à répondre aux besoins des habitants, par la mobilisation de tous, acteurs privés, associatifs et publics.
L’objectif est d’inscrire les politiques sociales au cœur de toutes les politiques publiques et d’éviter les cloisonnements par dispositifs en portant une attention toute particulière à associer les personnes concernées.
La démarche engagée poursuit ainsi les objectifs suivant :
- Inscrire les politiques sociales au cœur des politiques publiques « Ne laisser personne au bord du chemin »
- Mobiliser l’ensemble des acteurs (élus/agents/usagers/partenaires)
- Passer d’une logique de dispositifs à une logique de développement social
- S’appuyer sur un ancrage infra-territorial
C’est dans cette ambition et ce cadre que le Département a souhaité élaborer une politique autonomie partagée et décloisonnée avec l’ensemble des politiques sociales, médico-sociales et sanitaires mais aussi de l’aménagement du territoire (mobilité, urbanisme…), de l’accueil du public et de la coordination des professionnels. Cette politique place l’habitant au cœur des préoccupations en mobilisant l’ensemble des acteurs mettant en œuvre les politiques publiques selon 3 orientations :
- Choisir librement son lieu de vie
- Préparer ses changements de vie
- Bien vivre son quotidien
Q2. Comment se déroule la coordination entre les politiques de santé et les politiques sociales ? Où se trouvent les obstacles et où se situent les synergies ?
Depuis 2011, une méthode (MAIA) dédiée à l’accompagnement des personnes âgées de 60 ans et en perte d’autonomie était mise en œuvre suivant un modèle permettant d’associer les différents services d’aide et de soins aux personnes âgées et proposer un dispositif complet.
Cela impliquait que les décideurs, financeurs et opérateurs du domaine de l’aide à la personne travaillent ensemble pour proposer des prestations harmonisées aux personnes âgées qui en ont besoin.
La mise en œuvre de la méthode reposait sur trois mécanismes interdépendants :
- La concertation entre les principaux acteurs du dispositif,
- Le guichet intégré en permettant de de fournir, à tout endroit du territoire, une réponse harmonisée et adaptée aux besoins des usagers,
- La gestion de cas pour les personnes âgées en situation complexe via un suivi intensif au long cours.
Bien que pertinent, ce dispositif est venu s’ajouter et non remplacer de nombreux dispositifs créés ces dernières années (MAIA, PTA, PRADO, CLIC, etc.), répondant à différentes situations/pathologies et pour différents publics. La diversité de ces dispositifs a rendu difficile la lecture de la structuration de ces organisations (autant pour les professionnels que pour les usagers).
Les Dispositifs d’Appui à la Coordination (DAC) ont ainsi été créés en 2023 pour simplifier le parcours en proposant un portail unique pour les situations ressenties comme complexes qu’elles soient sanitaires, sociales ou médico-sociales.
L’enjeu est maintenant pour l’ensemble des acteurs du social et du sanitaire de s’articuler avec ce nouveau dispositif DAC qui intervient par subsidiarité.
Enfin, la création d’un Service Public de l’Autonomie au sein de chaque département (SPDA) se dessine à l’horizon 2025 afin de répondre également à un besoin de simplification sur le terrain. Ce SPDA s’inscrit dans la dynamique de la 5ème branche de la sécurité sociale dédiée à l’autonomie créée par la loi du 7 août 2020 relative à la dette sociale et à l’autonomie dont le pilotage a été confié à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).
Q3. Quelle est l’imp.ortance de la mise en place d’une stratégie comme NEXT CARE pour l’euro-région ? Comment cela bénéficiera-t-il à votre institution
L’intérêt du projet proposé réside dans le fait qu’il aborde l’ensemble des dimensions qui préoccupent les partenaires tant en terme de coordination, de partenariat, de public concerné que de professionnels. C’est donc un projet multidimensionnel qui bénéficiera autant aux institutions publiques, aux organisations professionnelles qu’aux bénéficiaires finaux (400 personnes âgées concernées en milieu rural).
En outre, les expérimentations à mener seront très opérationnelles avec entre autres le développement d’outils. La mise en place de la Plateforme numérique TRANSIS LAB est également un élément fort qui permettra l’exploitation des données pour le suivi et l’évaluation de l’impact des expériences pilotes.
L’intérêt de ce programme est donc de pouvoir partager les expérimentations des divers partenaires sur les stratégies mises en œuvre pour permettre la collaboration entre les sphères sociales et sanitaires et ce dans des contextes d’évolution équivalents : problématiques démographiques et sociétales avec un vieillissement important de la population, dispersion des services de proximité (sanitaires, sociaux, associatifs), stratégies de prévention de la perte d’autonomie à développer.
Au niveau du Département des Hautes-Pyrénées, ce programme est d’autant plus important que l’institution s‘est positionnée pour préfigurer un Service public départemental de l’autonomie dès 2024.
Volontariste, la création du SPDA a pour ambition de mettre fin aux silos trop souvent constatés par les personnes âgées et leurs aidants dans la mise en œuvre effective de leurs droits. Il s’agit de simplifier leur vie en facilitant les parcours, à travers la construction d’un véritable service public de proximité garant d’une même qualité de service pour tous, quels que soient les territoires et les situations individuelles.
Ce programme NEXT-CARE doit ainsi faciliter le développement de ce SPDA au niveau de notre institution.